Chamaelobivia et Rebutia hybrides
John Pilbeam passe en revue quelques-uns des nombreux hybrides de Chamaelobivia et de Rebutia, produits pour leurs fleurs attrayantes et leurs couleurs vives.
Photographie par Bill Weightman.
51 CHELSFIELD LANE, ORPINGTON, KENT BR5 4HG, UK
Il y a plusieurs d'années, inspiré par un pépiniériste du Kent, Fred Martin, qui a produit des hybrides de Chamaelobivia par centaines, j'ai été tenté d’en créer moi-même. J'ai croisé Chamaecereus silvestrii (maintenant généralement considéré comme un Lobivia) avec n'importe quel Lobivia qui était en fleur au même moment, en repérant soigneusement les croisements tentés avec des marques de différentes couleurs. Parmi les plantes ainsi produites, beaucoup ne méritaient pas d'être conservées. Mais dans la cinquantaine, j’en ai eu une demi-douzaine qui ont valu la peine et ont été reproduites. Elles ont ainsi été largement diffusées et ce sont retrouvées de façon assez inattendues sur les tables de concours1), ou dans certaines collections que j'ai visitées, ou même dans d'autres pépinières. Les deux meilleures, et de loin, ont été précocement nommées Chamaelobivia cv. Kent Sunrise et C. cv. Shot Scarlet.
← Chamaelobivia cv. Kent sunrise
La première a été assez décevante lorsqu'elle a fleuri sur l'unique jeune tige avec des pétales mal formés, jaune pâle, et j’ai été à deux doigts de m’en débarrasser comme avec les autres. Mais je l'ai gardé pour la couleur et quand il a fleuri la deuxième année, sur plusieurs tiges robustes, j’ai changé d’avis. Ses fleurs étaient d'abord de couleur beurre frais, en se fanant le deuxième jour en un jaune pâle ravissant, avec du rose rouge à l’extérieur des pétales. Depuis, c’est une plante proposée à la vente et très populaire. J’en ai même vu une, élevée en un pot suspendu, gagner le premier prix dans la catégorie Lobivia d'un concours. Une quantité de lumière très importante avait permis de garder des tiges courtes, et presque chacune avait 2 à 3 fleurs ouvertes. C'était le clou de cette journée.
Chamaelobivia cv. Shot scarlet →
La deuxième meilleure du groupe, le Chamaelobivia cv. Shot Scarlet, a donné à Bill, mon photographe attitré, de grandes difficultés pendant plusieurs années avant de trouver la bonne pellicule pour capturer les couleurs subtiles des pétales. Je crois qu’il vient d’y parvenir, et on espère que les épreuves en couleur leur rendront justice. Quand j’étais un “petit gars” (comme ils disent avec un accent du Yorkshire dans les publicités en ce moment), mon grand frère travaillait dans une entreprise qui produisait des étoffes de qualité, dont nous ne pouvions en général pas profiter, à part les chutes en velours, qui finissait généralement en nappe. Mais l’étrange morceau de soie qu’il a ramené un jour à la maison a vraiment chatouillé mon imagination, avec ses couleurs changeantes suivant l’angle d’observation, donnant l’effet d’un dessin scintillant composé de subtiles couleurs changeant à chaque mouvement. Il m'a donc semblé approprié pour cet hybride aux pétales d'un écarlate brillant, avec un ton bleuté sur le revers, de l’appeler « Shot Scarlet », ce qui c’est avéré très populaire.
Un autre bel hybride que j’ai créé à partir d’un croisement avec Lobivia peclardiana était d’un pourpre profond, et a été nommé Chamaelobivia cv. Peclard, pour des raisons évidentes. J’ai perdu le dernier morceau que je possédais mais je m’attends à ce qu’il soit ressucité un de ces jours. J’ai également un cultivar dégingandé que j’ai appelé C. cv. Grapefruit2), avec des fleurs d'une jolie couleur pamplemousse, mais sans aucune force dans ses longues tiges.
← Chamaelobivia cv. Satsuma
Celui que je voudrais vraiment voir émerger à nouveau était nommé C. cv Satsuma, et a été présenté dans un petit livre que j’ai écrit il y a dix ans : « How to Care for your Cacti »3). Il avait des bourgeons très poilus et des fleurs avec de jolies nuances d’orange pâle : cette plante existe-t-elle toujours ?
Je suis sur le point d’en produire à nouveau. Les semis issus de croisement entre plusieurs Chamaecereus, je ne sais combien de Lobivia, plus un ou deux autres genres proches et, suivant les conseils de Ken Burke, des croisements entre des hybrides existants sont sur le point d'être rigoureusement sélectionnés, une fois qu'ils auront donné leurs fleurs tant attendues d’ici un ou deux ans. J’attends particulièrement les résultats du croisement avec Acanthocalycium violaceum, comme ceux avec les hybrides d’Echinopsis Paramount.
Chamaelobivia cv. Westfield alba →
Au fil des ans, j’en ai eu venant d’autres producteurs, que je trouve intéressant. Parmi les meilleurs, se trouve un bien blanc d’une production de l’Ouest du pays, le C. cv. Westfield Alba que je préfère au C. cv. Westerfield White du même producteur.
← Chamaelobivia cv. Rev. Stephen Hardy
Un autre étiqueté, Dieu sait pourquoi, C. cv. Rev. Stephen Hardy, un hybride d'un beau rouge. Peut être que quelqu’un peut nous dire qui est le producteur, ou qui est ou était ce révérend ?
Chamaelobivia cv. Lollipop →
Une vraie cerise, d'un rouge brillant, est appelée C. cv. Lollipop.
← Chamaelobivia cv. Gelb
Un beau jaune appelé tout bêtement C. cv. Gelb a été produit en Allemagne (Gelb signifie jaune). Je vous présente mes excuses pour mon manque d’imagination, mais à l’époque, cela m’avait semblé être une bonne idée.
Il y a aussi le C. cv. Tangerine, un hybride à forte croissance dont les tiges sont assez épaisses et avec le cœur des fleurs orange.
Chamaelobivia cv. Pauline →
Je préfère le pourpre du C. cv Paulina au pourpre délavé du C. cv. Vi Goodson (désolé Phil), mais j’attends avec impatience la floraison d’autres hybrides de Phil Goodson avec des noms tels que “Mildred Bassett” et “Uncle Arthur”, que j’ai négligé depuis plusieurs années, mais que je traite correctement maintenant, afin les voir fleurir enfin.
A propos, je pense que l’hybride de Chamaelobivia avec de grandes fleurs rouge orangé qui porte mon nom était un des premiers rejetés que j’avais appelé C. cv. Wendy’s Delight4), mais il ne m’est pas possible de vous expliquer pourquoi ce nom.
Un autre domaine dont je me suis mêlé ces dernières années est les Rebutia. J’en ai maintenant produit plusieurs qui, d’après moi, valent le coup. Il y en a quelques anciens qu'on trouvait dans le temps, notamment R. cv. Meisterstucke5) à fleurs blanches et quelques-unes de ses progénitures, mais il a été surpassé dans la production de fleurs par une forme de R. senilis, que Bryan Makin a nommé, il y a quelques années dans ce même journal, R. senilis var. kesselringiana cv. Rose of York.
← Rebutia heliosa x albiflora ou cv. Sunrise
Un hybride populaire avec des fleurs roses et blanches est cultivé depuis quelques années, résultat d’un croisement entre Rebutia heliosa et R. albiflora, maintenant appelé R. cv. Sunrise6) dans la revue américaine de la Cactus and Succulent Society. Cet hybride m’a incité à croiser R. albiflora avec deux ou trois autres, bien qu'il ne semble produire que rarement des fruits par lui-même. Je pensais qu'un croisement R. cv. Sunrise avec R. albiflora (NdT : back crossing) produirait quelques hybrides F2 intéressants, mais aucuns des deux n’a voulu produire de graines. Par désespoir, et parce que sa floraison coïncidait avec celle du R. albiflora, j’ai essayé un croisement avec R. narvaecensis (souvent vu étiqueté par erreur R. espinosae).
Rebutia cv. Snow White →
Avec des couleurs de fleur similaires je ne m’attendais pas à grand-chose d’inhabituel dans leur progéniture. Il n’y eut qu’un fruit sur R. albiflora et l'attente de la floraison des quelques plantules obtenues s'est faite sans grande émotion. Elles ressemblaient à R. albiflora et je pensais avoir provoqué une autopollinisation en inhibant avec le pollen étranger les mécanismes préventifs d’une fleur normalement auto-stérile, ce qui ce produit quelques fois.
Lorsqu'elles se sont développées, j’ai pu voir qu’elles étaient un peu plus robustes que R. albiflora et produisaient de surprenante et solides fleurs blanches. Le croisement avait fonctionné et produit un hybride qui s’est montré très attrayant, rejetant énormément et à la floraison généreuse. Il méritait un lancement à Chelsea, mais je n’ai pas pu en parler aux journalistes spécialisés, qui nous servent généralement si mal, pour sa promotion. Je l’ai appelé R. cv. Snow White7), ignorant que Ralph Northcott avait déjà nommé un de ses hybrides (de parenté différente) de la même façon ; les grands esprits se rencontrent … Ou plutôt, avons nous fait tous deux preuve d’assez peu d’originalité.
← Rebutia cv. Pink Champagne
Dans le même temps, j’ai essayé de polliniser à la fois R. albiflora et R. cv. Sunrise avec du pollen de R. perplexa. Je n’ai à nouveau obtenu seulement des fruits sur R. perplexa avec le pollen de l'hybride. Il y a eu quelques levées, et je n’ai réussi à en conserver qu’une, avec plus ou moins l’aspect de R. perplexa : j’ai encore cru à une autofécondation. Mais au final, de nouveau, il s’est développé un peu différemment avec des tiges plus larges que R. perplexa et les fleurs avait une couleur intermédiaire entre les deux parents : un superbe rose pastel. Il m’a rappelé la couleur du gin rose, mais cela ne sonnait pas bien, alors je l’ai appelé R. cv. Pink Champagne8) – Plus chic.
Rebutia cv. Lime & orange →
Un autre qui a été populaire est un R. heliosa fécondé avec le pollen d’un R. narvaecensis. Il m’a donné une plante ressemblant à un R. heliosa, mais sans le marron des aréoles de cette espèce, des épines blanches plutôt que des épines blanc vitreux, et des fleurs ressemblant à celles de R. heliosa, mais nettement vert à l’état de bouton et aux pétales orange pâle environ un jour après la floraison : il porte dorénavant le nom de R. cv Lime and Orange9).
Il y a aussi le groupe d’hybrides que j’ai produit, résultant d’un croisement entre R. heliosa et R. heliosa var. cajasensis, avec l'aspect de ce dernier à quelques détails près. Il produit des fleurs en grande quantité avec un dégradé de rouge et une très forte tendance à rejeter. Je l’ai appelé R. cv. Hel’s Belles.
← Rebutia cv. Snow orange ou Apricot ice
Le dernier mais pas le moindre, bien que plutôt un sport10) qu’un hybride. Un clone de R. muscula avec des fleurs orange pâle, qu’un collectionneur de Rebutia m’a envoyé. L’an passé, j’ai aidé à tenir le stand de “Southfield Nursery” a l'exposition du Hampton Court Palace, et à vendre plusieurs centaines de ces clones que Brian Goodey a propagé ces dernières années et qui ont été très bien reçu par le public. Nous devrions vraiment plus parler ensemble, car celui qu'il a vendu sous le nom de R. cv. Apricot Ice11), je l’ai vendu en tant que R. cv. Snow Orange12). Si vous avez acheté les deux et que vous avez cherché la différence…. maintenant, vous comprenez !
Traduit pour le Cactus Francophone par Nicolas POINTEAU.
Relecture et mise en page par Alain Laroze.
Publié le 2008/01/22.
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