Poèmes
Par Thierry Walter.
Note : les dates entre parenthèses correspondent a la date de mise en ligne, pas d'écriture.
Gymnocalyce
Gymnocalycium! drôle de bonhomme
Ton port est bien rondouillard
Gymnocalycium grandiflorum
Tu as l'étoffe des stars
T'as l'air charnu, belle épineuse
Ta mine est ronde et bien sensuelle
Tes rondeurs qui sont fort trompeuses
Attisent les consciences en éveil
Sans froisser tes frères héliophiles
Les autres ont bien l'allure racaille
Toi seul Gymno tu as du style
De l'étamine Oh! des écailles !
Tu te couvres d'un bleute rare
Tu t'habilles d'un vert d'eau clair
De drôles d'aiguillons te parent
Mais bien souvent nu tu as l'air
Carminanthum ou ferrarii
Tu es un globuleux grande classe
Tes fleurs si belles laissent ébahi
Comme le jaspe et la chrysoprase
(03/09/2002)
Dans la peau
Quand l'esprit du cactus vous habite
C'est toute votre vie qu'il enchante
Il imprègne votre inconscient et si vite
Que votre âme s'en fait dépendante
C'est bien l'amour de la vie qui vous pique
Le cactus ne pique jamais ceux qui l'aiment
Il cache tant de secrets éclectiques
Que chaque découverte plus haut vous emmène
Sphère d'épines dangereuses pour les uns
Les autres creusent plus loin la question
Joyaux des fleurs masquant leur écrin
Feux rutilants de sublimes aiguillons
Quels sourds symboles nous livre cette plante
Qui souffle un coup le chaud un coup le froid
Qui mêle les beautés de sa race tangente
Au danger flou du sang sur les doigts
Plante au sommet de l'évolution
Ou règne en maître l'art de survivre
Délivre sans cesse tant d'émotions
A qui d'amour l'aime et le fait vivre
(16/09/2002)
Rebutia
Comme vin ta floraison se goûte
A toi aucun ne se compare
Des concurrents tu n'en as goutte
Par centaines des fleurs te parent
Un roi du rouge t'a mis en lettres
Tes variétés vraiment nous saoulent
Sous mille visages tu te répètes
Teintes et hybrides ou formes on croule
Toi la belle sud américaine
Tu ne nous prives pas de couleurs
Blanc, jaune, ou rouge tu te démènes
Orange ou rose mais quelle ardeur !
En altitude belle petite boule
Tu sèmes et sèmes a l'infini
Sénile pygmée pour nous tu roules
Tes fleurs ne sont jamais finies
Helios t'a bien cédé son nom
T'as pourtant l'air de rien du tout
En âge tu formes de petits monts
A chaque printemps tu nous rends fou
Contre la vitre tu sens le gel
L'hiver se passe dans le silence
Que cent boutons en mai s'en mêlent
Le bouquet s'ouvre - Incandescence
(16/09/2002)
Las mexicanas
Sous le regard de nos chercheurs
La multitude en elles s'incarne
Dans des centaines de petites soeurs
Qui sont chacune piquées de charmes
Souvent les boules deviennent colonnes
Et leurs sommets parfois s'enneigent
Toujours leur tête porte couronne
Pierres et couleurs font florilège
De certaines quêtes elles sont le Graal
Elles ne font que vous envoûter
Leur nom-symbole en grand s'étale
Porte drapeau des Cactaceae
Herrerae diable ! humboldtii
Pourquoi tant de difficultés
Fraileana NON ! schumanii
Ces belles aussi faut les tenter
Prenez vos gants et appareils
Oh l'éruption qui se prépare !
Gare ! les trésors la, qui sommeillent
De sang, de perles et d'or se parent
(03/12/2002)
X Plante
Peau nue peau verte
Tel un ovni végétal
Qui se poserait chez vous dans une chaleur écrasante
La vie se présente a vous, parfaite
Luisants les aiguillons dardent leur pointe comme des rayons
Ils irradient vos hémisphères
L'ange du bonheur sort alors du pot
Secoue ses boucles pleines de sable
Et vous êtes fait
Il est inutile de vous défendre
Peau nue peau bleue
Tel un vaisseau amiral
Il entre chez vous sans crier gare
Une seconde et c'est trop tard
Enchanté par ses coupoles soyeuses qui vous avalent
Du regard vous lui dites oui
Et vous êtes fait
Le mystère vous emporte
Peau nue peau rouge
Comme un effet du mescal
Les petites sphères chez vous s'installent
Loin des canyons mexicains
Attendu que vos soins généreux
Comme on fait offrande aux dieux
Provoquent en elles le grand bouillonnement des fleurs
(03/12/2002)
La piqûre au bureau
Horizons bleu cobalt et barriques vertes
Déserts barrés d'asphalte et cierges inertes
Sacoche à secrets pétales et poussières
Serpents à sonnettes et agaves austères
- Range ton guide et travaille un peu !
Machette au coeur sève qui coule
Passion en fleur et pierres qui roucoulent
Chardons d'origine épines savantes
Soleil du diable mes oponces enchante
- Ca suffit ! ravale ta collection et met toi au boulot !
Qu'au Nord l'hémisphere de boules se plante
Que chaque ville se rêve en soeur d'Alicante
Qu'en chaque point du sol la température monte
Que les belles épines à toute feuille s'affrontent
- Vite ! appelez vite l'infirmière !
Serres vastes et nobles comme des empires
Ordre famille genre espèces et pire
Joie sans contrôle du coeur et des rétines
Délire de feu, fleurs, couleurs et rires
- Tenez le bien s'il vous plait ! tenez-le!
Cours encore et toujours après mon secret
Non jamais pour ce voyage tu ne seras prêt
Fureur et merveilles à la lumière explosent
Je connais tes envies mais il faut que tu oses
- Aie !! je m' suis piquée !
(07/12/2002)
Le Cactus Victorieux
Graviers mains sales grains de folie
Le gars chavire dans ses tablettes
Potées piquantes quelle lubie
Tous ses secrets sont en clayette
Vitres rayons et gouttes d'eau
Tout concilier oui c'est possible
L'humeur du jour et le terreau
Le chaud le froid et l'impossible
Araignées rouges vert militaire
Rondo de formes et de couleurs
Le gars s'éclate sous la verrière
Pour tant d'épines dans son coeur
Clichés boutades illusionnistes
Forum de communication
Amour des fleurs jusqu'au boutiste
Personne n'échappe au bataillon
En rangs serrés boules guerrières
Armées de serres fleur au fusil
Sur vous s'avancent la tête en l'air
Et se répandent dans votre vie
Pas de la frime cette verdeur
Et ces épines pas de l'épate
Le gars succombe à ces charmeurs
Vertes parures fleurs écarlates
(03/07/2003)
Passion dévorante
Palettes d'aréoles repousse caresse
Peau verte et soyeuse milliers de glochides
Forme étonnante de raquettes enchainées
Sculpture perforée pleine de douleur
Qui suis-je ?
Couronne d'épines sur tête bleue
Rites huicholes et feux indiens
Refuge crève coeur faucon du désert
Totem dangereux couronné de fleurs
Qui suis-je ?
Statue globe ou antique colonne
Sphère anguleuse et quadrature du cercle
Trésors inca et joyaux éphémères
Eau l'hiver rompt le charme à jamais
Qui suis-je ?
Je suis un dieu fort et intérieur
Aux muscles verts pleins de puissance
Charme fertile puisant son ardeur
Au cortex de victimes consentantes
Je suis un dieu fort et intérieur
Divinité sans ailes ni anges
Un coup du sort qui touche au coeur
Tout amoureux des choses piquantes
Je suis un dieu fort et intérieur
De passions je suis créateur
A mes côtés je vous enchaîne
A jamais à jamais
Zacatecas Tetzcozingo
Tehuanacan Chapultepec
Xocoyotzin i Saltillo
Atlico Téotichimèques
(06/07/2003)
Epines Sèches
Comment décrire cette richesse
Ces perles briques et ces grains noirs
Toujours écrire cette caresse
Ce sable blond et cet ivoire
La terre est sèche qui m'interpelle
Car sur ma peau elle voudrait boire
Couchée dedans l'épine pêche
Les doigts fragiles
Et le sang rare
(04/10/2003)
L'invasion
Je me pose comme un ange
Au creux de ton aisselle
Tu m'abrites comme un ami
Car tu ne sais pas
Légère comme un nuage
Je te couvre de gros sel
Comme tu es innocent
Tu ne le vois pas
La morsure est sensuelle
Je m'applique sur ta peau
Que je perce comme dentelle
Tu ne le sens pas
Dangereux petits vampires
Cochenilles mes soeurs
en avant
(05/10/2003)
Mirabilis
Des promesses à nouveau m'arrivent
Beaux boutons de lumière au bord du soir
Mais vont-ils s'ouvrir
L'heure tourne et je vais les manquer
Marrant mirabilis droit comme un phare
Pourquoi dois-je sortir ce soir
Et si j'annulais
Je verrais tes oursins d'ivoire
Et ton parfum serait mon retour à l'été
Tes pétales s'ouvrent pour broyer le noir
Et moi je suis prêt à te quitter
J'annule
(06/10/2003)
Météor
Horizons futurs pâles comme un linceul
Echappée dans la passion du vivant
Tu étincelles dans mon rêve
Face à l'unicité
S'accordent en toi le beau et le danger
Qui nous rappellent que rien n'est facile
Quand ta forme symbole parcourt le cosmos
Elle s'arrête parfois dans mon jardin
Couverte de fleurs et d'épines.
(07/10/2003)
L'enfance du collectionneur
Le parfum du gravier humide s'élève au dessus de la table
Arôme minéral à l'âcre douceur
Eternité des minutes insouciantes
Temps gagné sur la vie et sur la mort
Engagement des mains dans l'humus
Qui ramène à l'enfance de nos découvertes
(11/10/2003)
Reine de nuit
Le jeu m'ennuie
La reine est sur la table
Je n'entend plus les autres
Je ne pense qu'à lui
Tropical serpent
A mon mur accroché
Végétal rampant
A tes tiges sont nées
Des fleurs belles comme la nuit
Circulaires mâchoires
A la splendeur intimidante
(03/11/2003)
Margaux
L'étonnant dans ses yeux d'enfant
Est que le cactus s'y reflète
Les iris bruns sont rayonnants
Les mains se tendent
Car c'est la fête
L'innocence des jeux d'enfant
Au cactus un rôle prête
Celui du jouet qui rend méfiant
Doux et piquant
Belle découverte
Le plus beau dans ces yeux d'enfants
Est un miroir qui vous répète
Que le Qui Pique de leur maman
En fleur est rouge
A la fenêtre
“Et ben moi, quand j'étais petit, j'en avais pas”
(07/11/2003)
Le Manque
D'errances en recherches fièvreuses
Surgissent des plantes anonymes
Planant sur la masse épineuse
Le besoin de prendre vous mine
Des ondes chaudes vos tempes effleurent
Cent mille images en vous s'impriment
La tension monte comme une peur
Soudain la plante est la sublime
En main elle vous appartient presque
Remise vous ne la voulez plus
Dejà vous êtes en manque ou presque
Vous revenez elle a disparu
Son existence dépend de vous
Hors de vos mains elle n'est qu'un rêve
Comme le chaperon pour le loup
Sans possession
Pas de trêve
(08/11/2003)
Alien succulent
Sidérants séteux
Dans l'espace sidéral
D'épatants laineux arment la fusée
Contre grands épineux
Protection intégrale
E.T. n'a plus qu'à bien se préparer
Serres cosmiques
Aiguilles infernales
Dans l'espace, nul ne vous entend crier
Aaaaaaaahhh !
(19/11/2003)
Les amoureux de Saint-Lunaire
Ils sèment de la serre au grenier
Ce que la vie leur a donné
Ils sèment le jour comme en soirée
Chaque graine bien recoltée
Chauffées au feu de leur passion
Pour les cactées leurs émotions
Sont sans limites
Quand à la pointe du Décollé
Le jour descend sous les rochers
La dame aux tartes court allumer
La véranda où ils sèment
Ils s'aiment
De la serre au grenier
Entre le ciel et les galets
(14/12/2003)
Le gardien du pot
je suis assis au bord du pot
moi le lilliputien dévot
vénère une formidable sphère
ciel hérissé sur mon désert
l'azur d'un bleu dément
englobe mon petit monde
je vis ma vie au bord du pot
moi le lilliputien dévot
(19/02/2004)
La naissance aux cactus
Tes rétines surexposées
Garderont toujours l'image
La magie vient d'opérer
Sous tes cils vibre un mirage
Dans ton regard étonné
Disques verts aux feux d'étoiles
Désormais
Le désert en grand fleurit
(19/02/2004)
Astrophytum
L'astérie marquée sur sa peau
Conte la cabale du désert
Galet vert lisse ou kabuto
Son corps est le fruit du mystère
Sillon étoilé parfaite figure
Objet rituel ou talisman
Précieuse vie qui nous assure
De son plastique rayonnement
(03/03/2004)
Carnegia
Ton manège de western
Sur l'horizon violé
Dans le désert d'ocres
Fait tourner
La ronde des centaures mexicains
(03/03/2004)
Encombrants
L'épure a toutes ses chances
Et le foutoir aussi
C'est une question d'apparences
Et d'amour aussi
Au foutoir et à l'amour
Le cactus donne un sens
(03/03/2004)
Le dieu des serres
Un nouveau cadeau descend ce matin
Attelage surchauffé
Chariot déchaîné traversant mes serres
La sueur goutte sur ton front
Eau sur la terre épineuse
Il se fait tard
Un nouveau cadeau m'attend demain
Le feu du Soleil
Dans ton regard
(03/03/2004)
Mauvais Rêve
Le carré d'Ariocarpus est égal à la somme des hypogées
Considérons un piqué
Fan de mathématiques
Parle Archyrède
Fou de systématique
“ Que devient ton étiquette
Si le sinus de ton Gymno
Est plus petit que trois
Tu ne le sais pas ?
Considérons deux axilles inégales
La première otée d'un Eriosyce
La seconde entièrement recombinante
La condition nécessaire est-elle suffisante ?
Non ? tu ne le sais pas ?
Si un hybride prend la tangente
Et qu'à l'identifier tu plantes
Ton cosinus phosphoreux
Produit-il un nom lumineux ?
Non ? toujours pas ?
Je t'aide
Cavalieri nous dit
Etudiez les corps ronds
Soit deux obesa bien vertes
Là pas d'hypothénuse c'est facile “
Mais le piqué est en alerte
Le cube de l'apex semble inerte
Si les bases sont équivalentes
Les volumes sont égaux !
Mais les euphorbes sont différentes sacrebleu ! !
Le piqué ne sait plus
Par où la passion est venue
Il jette ses étiquettes
Claque la porte
Et court, court vers la mer
(09/07/2004)
Totem
Nuit magique couvrant le sol
Ravins et masses de silex
La lune brille comme une idole
Sur les micas
Mes pieds se blessent
Je monte et monte vers le totem
Qui joint la terre au firmament
Une paroi sous moi se dresse
Qui plonge
Dans la nuit des temps
Cet interdit que je transgresse
De l'approcher ne me retient
Hauts sur son corps sept bras se dressent
Le voici là
J'accède enfin
Grand Cereus cierge des dieux
Ton pouvoir est éblouissant
Mon âme lourde
Par mes yeux
Vampirisée va s'échappant
Autour de moi les Andes grondent
Tes bras s'entrouvrent dans le noir
Vers les hauteurs mon âme monte
Se sacrifie
A tes poignards
Sur les micas jonchant le sol
Le matin coule un regard froid
Le soleil brille comme une idole
Mais sur les lieux
Ne reste rien
(02/02/2005)
L'âme serre
Dans un vert sombre de draperies
Bouture de monde parallèle
Eloge de gorgone en repli
La mutante s'élève
Surnaturelle tête
Belle comme une énigme
Hasard d'ADN
Elle surpasse la vie
Distillant le malaise
Et l'admiration
Etrange
Tu m'interpelles
Cristation
(02/02/2005)
Lobivia
L'univers a des yeux
Une bouche
Et des dents
Dans le feu de ses disques
Je me couche
Et je parle en rêvant
De cactus et de fleurs qui me touchent
Sans jamais me prouver leur piquant
Répondant l'univers dans ma bouche
A glissé une fleur
Rouge sang
(02/02/2005)
Lobivia II
Soleil troublé d'épines noires
Mille pétales te compliquent
Pour la séduire et pour y boire
A ta beauté pure j'applique
Des mots d'amour du sable noir
Je m'agenouille et puis j'abdique
Ma résistance à ton pouvoir
Fleur de mon miroir magique
(01/04/2006)
Thierry Walter
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