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Morro Moreno

Ce jour là une partie de la matinée a été consacrée a trouver des sous. Faire du change de billets en euros en pesos, s'est fait très rapidement. Retirer des pesos avec une carte bancaire dans une banque a été nettement plus long…

Ce n'est que le matin et il fait déjà bien chaud dans les rues d'Antofagasta. Le soleil tape dur et le vent de la mer a du mal a rafraichir l'atmosphère. Tout à l'heure, nous allons devoir faire une belle ascension et cette température m'inquiète un peu.

Un fois les formalités terminées, nous filons vers le nord de la ville en direction de Juan Lopez un petit village au pied du Morro Moreno, notre destination. Le Morro Moreno est une montagne baignant dans l'océan et reliée au continent par un isthme. Le sommet culmine vers 1100m et, grâce au brouillard, forme une oasis au milieu du désert. Pas de palmiers, juste des cactus.

Arrivés là, il faut trouver le chemin qui nous rapprochera le plus de la montagne. Nous avons bien quelques indications, mais la piste que nous empruntons est épouvantable : des trous, des bosses, des cailloux. Au bout d'un moment, Marcel dit “stop !, on ne va pas plus loin.” C'est lui le chauffeur et il sait très bien où peut aller, ou ne pas aller, la voiture.

Le sac à dos, l'appareil photo, les bouteilles d'eau, et c'est parti. Il y a encore une bonne distance pour atteindre le pied de la montagne, autours de nous ce ne sont que des cailloux, pas une seule plante, une seule herbe, même sèche, en vue. Lorsque nous arrivons au pied de la montagne, il commence à faire bien chaud. En se retournant on peut apprécier le chemin parcouru. La voiture, c'est le petit point noir, totalement à gauche. Pas celui en bord de mer, celui juste en dessous…

Puis la montée commence. Le paysage est pour le moins aride. Il fait très chaud, le soleil tape dur, mais heureusement, plus on monte, plus on sent le vent de la mer qui nous rafraichit.

Le bas de la montagne est totalement privé de végétation, puis en prenant de l'altitude, apparaissent les premiers cactus. D'abord des Copiapoa atacamensis complétement desséchés. Ensuite des plantes encore un peu vivantes. Puis sont arrivés les Eulychnia :

Ritter les avait nommés Eulychnia morromorenoensis. Puis ils ont été mis en synonymie avec Eulychnia iquiquensis ssp. iquiquensis.

Nicolas, qui avait pris un peu d'avance, nous attendait au bord du chemin tout content d'être enfin le premier à avoir vu les plantes qu'on cherche. Il faut dire que jusqu'ici en dessous de 10 cm de diamètre, il ne voyait pas. Un truc qu'il aime bien, ce sont les Eulychnia. Là, pas de problème !!!

Trouver une plante qui s'appelle recondita (retiré, caché en espagnol), c'est quand même bien, même si les plantes en question ont comme un gyrophare sur la tête ! En effet, beaucoup sont en fleur.

Eriosyce recondita semble pousser au dessus des 800m. On a trouvé les premiers un peu en dessous de ce col :

Vous pouvez y apercevoir les vestiges d'un mini-filet attrape-brouillard. J'ai essayé de le réparer en redressant les piquets… mais il me manque encore quelques heures de muscu…

Ritter, toujours lui, avait baptisé cette plante Pyrrhocactus vexatus. Puis elle a été mise en synonymie d'Eriosyce recondita n'ayant pas grande différence avec le Pyrrhocactus reconditus trouvé (dans le temps) dans les montagnes au nord d'Antofagasta. Elle est assez variable, tant par la couleur de la fleur, la spination ou l'espect de la plante.

Certains spécimens sont de belle taille… Ils doivent avoir quelques années.

On le voit ici avec un oxalis endémique à cette montagne : Oxalis morenoensis

Je pensais qu'on aurait du mal à la trouver, mais en fait, il y en a partout. Sur cette photo, il y a au moins 4 plantes bien visibles.

Nous avons laissé la voiture à 11h20. Nous avons trouvé les premiers Eriosyce à 13h30 Et il est 14h lorsque je me retrouve devant ça :

Je ne trouverai pas plus bel endroit, j'ai atteint les 930m, j'ai faim et je suis fatigué. Il est donc temps de s'arrêter pour manger. Nicolas est loin devant. Il est allé voir le monument qu'on aperçoit dans le fond. Non, pas les Eulychnia sur la colline de gauche, le point noir qu'on voit sur la crête à droite.

Flavien n'est pas loin de moi. Il ramasse quelques graines. Philippe est encore derrière à prendre en photo des plantes que nous autres n'avons pas vues. Et, nous le saurons au retour, Marcel fait la sieste sur un rocher… l'occasion pour lui d'attraper un joli coup de soleil….

Vous avez pu voir sur les dernières photos, il y a quelques Copiapoa atacamensis dans le quartier. Il y en a des centaines, des milliers. Mais c'est le seul endroit dans la région où ils sont en bonne santé. Les autres sites connus ne contiennent que des individus moribonds. Il faut aller à Botija pour voir une population de cette ampleur.

Il est d'usage d'en faire une sous-espèce de Copiapoa calderana. C'est vrai qu'ils ont un petit air de ressemblance

Un dernier coup d'œil au paysage avant de commencer la descente.

En rentrant à Antofagasta, nous nous arrêtons à côté d'une curiosité naturelle, que certains ont baptisé l'Etretat chilien : La Portada

Le Morro vu de la Portada. Nous étions sur le col qu'on voit émerger des nuages à gauche de la montagne.

Le tropique du capricorne n'est pas loin, il nous faut aller voir ça. Le monument qui le signale est gris-vert grâce au minerai de cuivre avec lequel il est construit.

Le petit détail qui tue. Ce monument est mal placé. Il n'est pas sur le tropique ! ! Si on en croit les encyclopédies, le tropique du capricorne est à 23° 26' 16“ de latitude sud. Or le monument est plus au sud ! La preuve :

Ce soir nous irons encore écouter du piano, mais pas avant d'avoir réparé la borne wifi de l'hôtel…

Et demain commence déjà le retour vers Santiago.


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Auteur : Alain
Publié le : 2012/03/31