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Une étrange galle crassuloïde sur Aizoaceae dans le Knersvlakte, Afrique du Sud

plante et galles in situ A l’automne 2019, à l’occasion d’un voyage en Afrique du Sud, Eric, mon compagnon de voyage et moi sommes passés à travers le Knersvlakte (les fameux et célébrissimes champs de quartz) par la nationale 7 qui les traverse du Nord au Sud.

A l’occasion d’un arrêt le long de cette route, entre Conophytum et Argyroderma, nous sommes tombés en arrêt extatique devant une plante qui nous a semblé pour le moins bizarre : des feuilles en « banane » classiques d’un buisson d’Aizoacée mais avec des groupes de feuilles évoquant une Crassula cornuta (fig. 1).

La piste d’un touriste malicieux s’amusant à coller des feuilles d’une espèce sur une autre ayant été tout de suite écartée, nous nous sommes interrogés sur ce que cela pouvait être. Une chimère ?

Habitué aux galles formant des excroissances bien distinctes de la plante et reconnaissables immédiatement, nous n’étions pas convaincus, de prime abord, que cela puisse en être une. La seule façon de le savoir était d’en couper une en deux afin de voir si oui ou non il y avait un locataire à l’intérieur. Ce qui fut fait et le résultat fut sans appel : il y avait bien un occupant illégal. Malheureusement, le coup de scalpel a transformé la larve en bouille. On pouvait toutefois voir nettement la loge à la base de la rosette (fig. 2).

section verticale d’une galle

Découvrir le coupable n’est pas simple car la littérature, du moins celle accessible par internet, n’est pas des plus abondante.

Quelques entomologistes se sont toutefois penchés sur le sujet des Urodontinae, dont trois genres comprennent des coléoptères ne dédaignant pas prendre un Aizoacée comme hôte. Il s’agit notamment de Schalk Louw (1952-2018) de l'université d'Orange Free state, dont l’étude a été reprise et complétée par Rolf G. Oberprieler (Australian National Insect Collection) et Clarke H. Scholtz (University of Pretoria).

De la lecture de ces articles, il ressort qu’il y a peu de types de galles répertoriées sur des plantes succulentes, sans doute en raison du taux d’humidité élevé dans les feuilles. En l’absence de la larve et de l’insecte, outres les connaissances entomologiques appropriées, il est difficile de déterminer de quelle espèce il s’agit. On peut toutefois envisager la possibilité d’un coléoptère de la famille des Urodontinae (Urodontidius, Urodontellus, Urodontus ?).

Ce type de galle en fleur est déjà connu sur d’autres plantes où l’aspect « floral » est le résultat d’un raccourcissement de la tige ayant pour conséquence la formation des feuilles en bouquet, comme celles de Rhopalomyia solidaginis (hyménoptère) sur Solidago canadensis (fig. 3) donnant cet aspect particulier ou bien la galle du saule où le bourgeon est modifié en rosette de feuilles serrées sous l’action d’un insecte diptère : Dasineuria rosaria (fig. 4).

Galle sur Solidago (cl. Kristine Brown) Galle du saule (albertville-nature.overblog.com
galle sur Solidago (cl. Kristine Brown) galle du saule (albertville-nature.overblog.com)

La planche jointe (fig. 5), extraite de Oberprieler et Scholtz 2018, montre Urodontidius enigmaticus Louw, seule espèce de ce genre, ayant choisi un Ruschia. Si ce n’est pas ce coléoptère en particulier, du moins cela donne-t-il une idée du coupable.
En réponse à mon mail lui donnant cette information, Clarke Scholtz confirme qu’il s’agit certainement d’un Urodontinae avec une nouvelle localité car la plus proche connue est à environ 65 km à l'ouest. Il la visitera certainement au début de l'été afin de collecter des spécimens pour identification.

Urodontidius enigmaticus Louw (Oberprieler, Scholtz, 2018)

Urodontidius enigmaticus Louw (Oberprieler, Scholtz, 2018)
Légende : Aspects biologiques d'Urodontidius enigmaticus Louw : (a) Plante hôte (Ruschia versicolor, Aizoaceae) dans l' habitat ; (b) galle sur une feuille de Ruschia versicolor initiée par une larve ; (c ) femelle émergeant d'une galle ; (d) femelle à côté de la chambre nourricière dans la gale ; (e) larve dans la chambre nourricière dans la gale ; (f) larve, vue ventrale ; (g) larve, la tête avec les mandibules ; (h) larves de U. enigmaticus, Urodontellus lilii (Fåhraeus) et Urodontus scholtzi Louw pour comparaison, vue latérale. (Photographies c, d, e par Hennie de Klerk).

Bibliographie :

Louw Schalk : Seed-feeding urodontidae Weevils and the evolution of the galling habit, in Price P. W., Mattson W. J., Baranchiko Y. N., dir. : The ecology and evolution of gall-forming insects, United State départment of agriculture, forest service, North central forest experiment station, general technical report NC.174, 1994.

Oberprieler Rolf G., Scholtz Clarke H. : The Genus Urodontidius Louw (Anthribidae: Urodontinae) Rediscovered and Its Biological Secrets Revealed : A Tribute to Schalk Louw (1952–2018). In Diversity (open access journal), 2018, 10, 92.




Auteur : Eric Mare


Publié le : 2020/04/25

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